CORNILLAC en Drôme Provençale

Saint Genest

Le dix août 2014, il y avait une messe dans la vallée de Cornillac.

Au début un des habitants qui soutient la rénovation de l’église du village a fait un petit discours que nous publions ici :

« Avec cette messe d’aujourd’hui nous nous adressons à Dieu pour qu’il aide toute la commune de Cornillac à réaliser la restauration de l’église du village Sainte Marie-Madeleine. Le Père Schieltz, Claudine, Monique et moi nous sommes rencontrés vendredi pour préparer cette messe. Je me suis aventuré à dire pourquoi je suis si heureux que la rénovation ait commencé grâce aux efforts de l’association « Patrimoine de Cornillac », à ceux du maire Coco Combel et du conseil municipal. Le Père Schieltz m’a proposé de dire quelques mots au début de cette célébration sur ce sujet.

Je me suis posé la question pourquoi investir tant d’argent et tant d’énergie dans la rénovation d’un bâtiment qui ne sert presque plus ? Et une deuxième question m’est venue à l’esprit : Pour celui qui n’est pas chrétien, est-ce qu’il y a de bonnes raisons pour soutenir la rénovation ?

Vous connaissez les réponses : Pour le chrétien la réponse est claire : c’est un lieu sacré qui mérite d’être conservé. Pour le non-croyant c’est le patrimoine de la France qu’on devrait sauvegarder. Mais pourquoi sauvegarder ce patrimoine ?:

pour sauvegarder un lieu qui est un témoignage de l’histoire de la France et de l’histoire de la vallée de Cornillac.

Un pays qui ne s’occupe pas assez de son histoire est gravement malade parce que nous apprenons l’art de vivre bien par l’expérience de vie de ceux qui nous ont devancé. Nous apprenons l’art de vivre par les expériences de nos parents, nos grands-parents, nos ancêtres.

Mais il y a une raison qui est liée à toutes ces pensées et qui est plus profonde.

Il y a quelques semaines ma femme et moi sommes allés à la messe de funérailles d’un jeune, qui s’était suicidé. Chers amis : Il y avaient à peu près 700 personnes à l’ église de ce petit village. (Normalement cette église ne sert plus). Parmi ces 700 personnes il y en avait certainement beaucoup qui n’avaient pas participé à une cérémonie d’église depuis des années. Mais soudainement en vue de cette tragédie une chose a été claire pour tous : le seul endroit où il peut y avoir une réponse aux questions les plus profondes de la vie et de la mort, où, peut-être, il peut y avoir une consolation vraie, non pas une consolation sentimentale, mais une vraie consolation, c’est ici, dans une église.

L’église de Cornillac a reçu pendant beaucoup de siècles les habitants de cette vallée. C’est là où les gens pouvaient se rappeler toutes les semaines qu’il y a des questions auxquelles seulement une vue très profonde de la vie peut donner une possibilité de réponse. Pourquoi endurer la lutte de la vie ? Le jeune homme qui s’est pris la vie était tombé sur un groupe de gens qui sur internet répandait le message qu’il n’y a pas de réponse à cette question. Que la vie n’a pas de sens. L’église, ce bâtiment qui domine le village de Cornillac, est un symbole silencieux mais d’une force étonnante, qui nous dit tous les jours – aux croyants comme aux non-croyants – qu’il ne faut pas oublier que tout homme et toute femme doit de par sa manière de vivre donner une réponse à la question du sens de la vie. À un moment de ma vie je suis redevenu chrétien. Mais je sais aujourd’hui que je serais pour la rénovation de l’église de Cornillac même si j’étais athée parce que même athée je suis obligé d’avoir de la gratitude pour les gens et les bâtiments qui me rappellent que je dois apprendre pourquoi la vie vaut la peine d’être vécue et d’être vécue aussi bien que possible.

Que Dieu, s’il existe, - et j’y crois fermement - nous aide. Merci. »

Dans son homélie le Pére Schieltz a ajouté a ces pensées qu’il voit un rapport entre ce « symbole silencieux mais d’une force étonnante » qu’est le bâtiment de l’église d’un village et la présence de Dieu dans « ce bruit d’un fin silence » dans lequel le prophète Élie a reconnu la présence de Dieu.

Après la cérémonie qui était d’une intensité touchante un habitant a fait une remarque importante. Il disait a l’auteur du discours : « Tu a oublié quelque chose dans ce que tu a dit. Tu a oublié de mentionner les gens comme moi qui ont été baptisé et marié dans l’église du village. Ce bâtiment fait totalement partie de ma vie. C’est presque aussi proche que mon corps. Et il y a beaucoup de gens qui ressentent la même chose. Il est impossible de ne pas la rénover. »

 

Date de dernière mise à jour : lundi 05 juillet 2021